Puzzle

À la question de savoir s’il faut détruire ou non les grands ensembles, nous avons toujours répondu qu’il faudrait d’abord commencer par les achever. Cette construction neuve s’inscrit dans une logique de réhabilitation de site et paradoxalement elle constitue un achèvement. Car, s’il détruit la barre, le nouveau plan d’aménagement contribue surtout à libérer la perspective du boulevard Maurice Ravel qui, ainsi prolongé, est véritablement achevé. Il peut désormais exercer pleinement sa fonction d’irrigation du quartier des Sablons.

Cet axe est renforcé par des percées visuelles que notre projet ménage. Il est rehaussé par la nouvelle place publique Bloch-Lainé qui deviendra le point névralgique du quartier des Sablons, une place à visage humain à laquelle notre projet s’adresse cordialement avec son gabarit lui-même familier. Cette percée visuelle et les espaces publics qualifiés créés en face et au dos de notre parcelle contribuent à désenclaver et à aérer un quartier qui bénéficie déjà d’une vie « en propre » avec ses commerces de proximité et ses équipements publics.

Le gabarit de notre projet est celui du plot. Ce volume multi-facettes devient un pivot urbain qui favorisera une mutation des regards et une transition d’échelle. Il est le marqueur du renouvellement urbain auquel il participe. Cette petite résidence de 35 logements échappe en effet à la nomenclature des immeubles existants qui composent le quartier. Sa silhouette est celle de la grande maison, elle renvoie une image familière.

Le projet contribue à la diversification de l’habitat par son gabarit plutôt singulier dans le paysage alentour : un R + 5 couronné d’un attique qui lui donne une allure singulière, reconnaissable entre toutes. Par son écriture architecturale, en particulier ses balcons aux formes organiques et sa résille, le bâtiment introduit du trouble et de la diversité. Il rompt notamment avec l’orthogonalité des immeubles voisins tout en en reliant les perspectives par ses courbes. Il affiche 4 façades, toutes différentes, partiellement dissimulées derrière un bardage protecteur et toutes visibles depuis des points de vue différents. Cette résille confère au projet une dimension cinétique et des modulations selon la lumière, le temps et les heures de la journée. Notre bâtiment distille une petite musique urbaine qui installe une « ambiance ».